Cette formation de GRONINGEN (Pays-Bas) avait fait un premier pas discographique plutôt assuré avec « No Air », en 2021 grâce à un financement participatif. Ce fut une jolie foulée dans le monde impitoyable de la musique enregistrée. Il s’agit de PERFECT STORM. Ils nous reviennent après un léger changement de line-up (départ de Jesse BOSMAN, batterie et Ard OFFERS, claviers), et nous sommes maintenant en présence de : Gert-Jan SCHURER (composition et guitare), Adel SAFLOU (chant), Hiske OOSTERWIJK (chant), Jan MUNNIK (claviers), Wieger DIJKSTRA (batterie) et David KLOMPMAKERS (basse). Les possibilités offertes par deux vocalistes, Hiske et Adel, sont exploitées au mieux. La complémentarité des voix féminine et masculine participent à l’originalité et la richesse des interprétations. Le talent des instrumentistes s’exprime sans retenue.

« Demon’s Dance » nous pousse, littéralement, à entrer dans cette nouvelle œuvre ; ça roule ça gronde, ça groove et toute résistance est inutile. Il s’agit d’un véritable « Pusher » : claviers structurants et atmosphériques, patterns de batterie fondateurs, solos de guitare diserts et basse fretless (bien présente dans chaque morceau) gardienne des lignes mélodiques, PERFECT STORM captive d’emblée. Guitare et piano d’abord, avant que la technique et la puissance de frappe (en signatures changeantes de Wieger DIJKSTRA, ne marque la ballade « Deep Skin Sky ». Les effets de cordes au synthé (Jan MUNNIK) dans la section médiane sont du meilleur effet. La guitare ne s’en laisse toutefois pas compter. Hiske lance « Don’t Go » in media res. Sa voix enchante et les harmonies vocales font mouche. Pièce compacte, cette chanson forme un bloc tonique et accrocheur. Le riff introductif (qui mue ensuite en se renforçant) d’« I Am Tomorrow » lance des échanges vocaux complémentaires qui laissent place, au 2/3, à de belles digressions instrumentales avec synthés créatifs et guitare inspirée.
Les percussions orientalisantes qui annoncent « Misspend » donnent une coloration particulière en 7/8. La basse, toujours présente, impose un tempo vif entre les couplets (doublés) puis s’adoucit le temps d’un intervalle chant-piano, avant de reprendre sa trame. « Stairs », douce ballade, vient calmer le jeu et bercer l’auditeur enchanté. C’est fin, travaillé et surprenant. L’une des caractéristiques de PERFECT STORM : rien n’est direct, rien n’est droit, rien n’est prévisible.

La pièce de résistance, « Depraved Mind », exploite ses 11 minutes pour s’aventurer en bordure du territoire du Métal Progressif. Evitant soigneusement la facilité, le combo glisse une partie instrumentale au milieu, avec batterie lourde et partage des soli entre guitare et claviers. Curiosité : les « paroles », répétitives, après le premier couplet viril et presque menaçant, sont des effets de voix, utilisée comme instrument, doublés par les touches noires et blanches. Le final revient dans la ligne mélodique initiale, plus enlevée, renforcée, dans lequel les deux voix terminent la pièce à l’unisson.

« ’Stairs’ ce sont les escaliers (voire les routes) que vous empruntez dans votre vie, avec des hauts et des bas. C'est pour ainsi dire un labyrinthe. Celui de la vie. Parfois on est bloqué, parfois on trouve facilement son chemin. Mais à condition de continuer à avancer. Chaque chanson de l'album a sa propre histoire qui lui est liée. » Hiske OOSTERWIJK, auteur des textes.

D’une grande mélodicité, parfois même virtuoses, les compositions de Gert-Jan SCHURER (guitariste très polyvalent) brassent large et le créateur ne manque pas d’inspiration. Ses idées et démos sont amendées par les autres musiciens en studio et cela se ressent, s’entend. Chaque pièce présente une dynamique propre, une énergie communicatrice, une atmosphère marquée et des arrangements sur mesure. PERFECT STORM possède un son et une patte identifiables. C’est déjà beaucoup. Le genre, bien que donné mort ou en déshérence, a encore beaucoup à nous offrir.