Bienvenue tout le monde à ce nouvel épisode de l’émission « Recettes Prog Savoureuses »! Aujourd’hui, on vous apprend à cuisiner un album en spectacle de Steve HACKETT, intitulé « Live Magic At Trading Boundaries »! Vous êtes habitués à la bonne vieille recette des albums « live » de HACKETT, que vous avez appréciée à neuf reprises au cours des douze dernières années (neuf albums en spectacle en douze ans pour l’ancien guitariste de GENESIS)? Mais peut-être avez-vous le goût de faire un peu changement? Eh bien, voici les instructions toutes simples pour cuisiner une adaptation de la recette originale; allez, suivez-moi, c’est facile! Vous partez tout simplement de la traditionnelle recette, puis vous retirez la voix de Nad SYLVAN, vous échangez la guitare électrique de HACKETT pour un modèle acoustique, vous enlevez la batterie et la basse, vous conservez juste un peu de claviers, et pour terminer, vous ajoutez quelques ingrédients magiques : beaucoup de flûte, un soupçon de saxophone et une jolie voix féminine. Et voilà, bravo, vous avez réussi à cuisiner le nouvel album « live » de Steve HACKETT, que vous pourrez nous servir sur un plateau d’argent!

Eh oui, c’est dans une version tout épurée qu’on retrouve HACKETT sur scène, nous interprétant 19 pièces acoustiques. Des morceaux qui proviennent des spectacles acoustiques qu’il donne, chaque année dans le temps des fêtes, dans un intime café-pub nommé « Trading Boundaries » situé à East Sussex, un comté du Sud-Est de l'Angleterre. Nous avons ici droit à une compilation de pièces provenant de ces spectacles des dernières années. HACKETT n’est pas étranger aux albums acoustiques en spectacle. Il en avait sorti plusieurs au début des années 2000. Mais le dernier remonte à une vingtaine d’années (le temps passe vite!), alors c’est avec plaisir que plusieurs, comme moi, découvriront ce monde moins connu du talentueux guitariste. Et pour les personnes qui sont déjà familières avec ces albums précédents : je crois que, même s’il joue ici beaucoup de morceaux que vous avez déjà entendus sur ces albums, vous pourrez tout de même apprécier sa virtuosité, qui n’a pas baissé d’un cran au fil de toutes ces années, lui qui vient d’avoir 75 ans. Il est accompagné sur scène par ses fidèles compagnons : son frère John à la flûte, Roger KING aux claviers et Rob TOWNSEND au saxophone.

Cet album regorge de jolies pièces variées : autant du matériel solo que des pièces de GENESIS. Il contient bien entendu des morceaux qu’on retrouve sur les albums de guitare classique de Steve, comme trois qui proviennent de l’album « Bay of Kings » de 1983. Ces morceaux démontrent tout son talent de musicien. Une autre pièce peut originalement être entendue sur l’album « Sketches of Sketie », qu’il a fait avec son frère en 2000. J’ai eu un coup de cœur pour la joyeuse et entraînante « Jazz on a Summer's Night », une flûte très mélodieuse accompagnée de magnifiques accords à la guitare acoustique. La très calme « Walking Away from Rainbows », originalement sur l’album de 1993 « Guitar Noir », est ponctuée de saxophone, un des peu nombreux endroits où on peut entendre cet instrument lors de ce concert. On a également « The Red Flower of Tai Chi Blooms Everywhere », une pièce orientale provenant de « Spectral Mornings », ici agrémentée d’une vibrante flûte.

Et maintenant, des pièces plus connues, en commençant par celles de GENESIS. Pour débuter, on a évidemment la fameuse « Horizons », le moment acoustique probablement le plus connu de tout leur catalogue. Puis les autres morceaux de GENESIS sont ici performés en version épurées et raccourcies. On a droit aux premières minutes acoustiques de « Blood on the Rooftops » (comme l’originale sur l’album « Wind & Wuthering »). Puis on a le début de « After the Ordeal » (elle arrête juste avant le solo de guitare électronique original entendu sur « Selling England by the Pound »), avec flûte et guitare. Steve nous offre même un court mais magnifique extrait de « Supper’s Ready » (la portion flûte et piano qui fait office de point entre les sections « Willow Farm » et « Apocalypse in 9/8 »). Mais mon interprétation d’une pièce de Genesis préférée sur cet album est sans contredit « Hairless Heart », de l’album « The Lamb Lies Down on Broadway ». Elle débute avec la flûte en remplacement de l’originale guitare acoustique, et cette flûte est omniprésente tout au long de la première moitié du morceau; c’est tout simplement sublime. La deuxième moitié est une intéressante improvisation piano/guitare.

Parlons maintenant des pièces solos de Steve, mais cette fois des pièces qui étaient originalement électriques. L’instrumentale « Jacuzzi » est savoureuse. Il s’agit d’un des morceaux fétiches de HACKETT, joué avec une grande intensité, alors que flûte, claviers et guitares se marient parfaitement. Vers la fin de la pièce, j’ai remarqué une autre mélodie… voyons… c’est quoi donc? Ah oui me dis-je après quelques minutes : c’est un extrait instrumental d’une autre de ses pièces solos, « Overnight Sleeper »! Donc, absente de la liste des morceaux de l’album, mais présente avec un petit caméo à la fin de « Jacuzzi ». L’orientale « The Red Flower of Tai Chi Blooms Everywhere » contient de la flûte absente sur l’originale, et le résultat est excellent. Je termine ma revue avec deux pièces provenant de son premier album solo « Voyage of the Acolyte ». « Hands of the Priestess », splendide avec sa flûte encore plus puissante que sur l’originale. Puis, à notre grand bonheur, le groupe épuré nous livre l’inoubliable « Ace of Wands », un des morceaux les plus appréciés de sa carrière solo, avec une flûte qui mène le bal et ne cesse qu’à la toute fin, nous laissant sans mots. Pour moi, cette version est maintenant ma version définitive de cette magnifique instrumentale.

On retrouve également sur cet album Amanda LEHMAN, une chanteuse et musicienne qui participa à plusieurs spectacles de HACKETT depuis une bonne quinzaine d’années, autant électriques qu’acoustiques. Elle est présente ici, alors qu’elle nous offre, accompagnée du groupe entier, deux chansons tirées de son premier album sorti en 2021 et intitulé « Innocence and Illusion » (album auquel KING, TOWNSEND et HACKETT ont justement participé). La chanson « Memory Lane » est magnifique, tant la musique, avec son saxophone, que les paroles, qui sont inspirées du parcours de sa mère à travers la démence. L’autre morceau de LEHMAN est l’entraînante et bluesée « Only Happy When it Rains”, parsemée de l’harmonica de Steve; elle est très bien chantée.

Alors, amateurs de HACKETT, cet album en spectacle vous est fortement recommandé! Le seul point négatif : ne cherchez pas le traditionnel DVD ou Blu-Ray qui était toujours disponible pour les albums « live » électriques des dernières années. Cette fois, seul l’audio est disponible, malheureusement… Car j’aurais beaucoup aimé voir ce groupe acoustique sur scène… les quelques vidéos de fans disponibles sur Internet m’ayant donné l’eau à la bouche!