SWALLOW THE SUN, métal extrême, opère une évolution lente de son empreinte en proposant ce 9e album doom metal gothique s’éloignant du death, amenant des espaces mélodiques contemplatifs. Un son plus soft, poli, froid, sur la dark wave par instants. Créé en 2000 par Juha voulant un style atmosphérique, progressiste et mélodique en plus des voix hurlées, cet opus résume l’éclat durable du groupe qui se régénère après 23 ans et la perte de sa compagne.

« Innocence Was Long Forgotten » son dark à la KATATONIA, SOEN, le son évolue, glacial, dépressif, latent, progressiste. La voix claire et l’air doux avec le solo guitare veloutée et un refrain dark métal les éloigne agréablement de leur doom death originel. « What I Have Become » attaque guerrière, le riff annonciateur du son, la voix growl revenant à la charge; il n’y aura pas qu’OPETH cette année. Le break aérien, un son clair de cathédrale avant la voix rugissante et balayant le doute; le piano au fond tempère le rythme qui est bien contenu malgré le final à triple pédale; titre radio edit. « MelancHoly » comme le titre le présage une ballade froide avec acoustique guitare et refrain entraînant sur les territoires sombres, enneigés; un peu de growl en nappes, en flocons pour attendrir le fan désarçonné devant ce changement de tonalité; plus progressiste que doom. « Under the Moon & Sun » avec l’autre ballade forte par sa lenteur, oxymore musical; le tempo lent vrille dans les oreilles, KATATONIA et consœurs au fond, ANATHEMA virant sa cuti sont les réminiscences de ce vieux groupe qui ose le break piano en cascade; Mikko éructe à la façon de NIGHTWISH, d’EPICA avant le solo guitare éclairée. « Kold » accentue la lourdeur qui était sienne, le vocal growl revient, SWALLOW THE SUN est bien là. Voix aigüe de KING DIAMOND, rythme martial d’une guerre musicale totale, sombre, sans avenir où seule reste la voix comme fer de lance.

« November Dust » continue l’innovation avec un air dark wave métallique où le clavier lorgne sur le gothique laissant deviner un lien avec TYPE O NEGATIVE. La voix est lente, glaciale avec un pad austère, souverain; le solo guitare triste à en mourir arrache des larmes tandis que la longueur du titre ensorcelle l’auditeur dans un sable mouvant d’effroi; le piano laisse méditatif, perplexe et continue sur « Velvet Chains » en réverbération cristalline, délicate, sombre, effroyablement mélancolique avec Mikko secondé par un vocal féminin qui tétanise encore plus; l’air devient solennel, lent et sinistre comme un slow finlandais en plein blizzard. « Tonight Pain Believes » me rappelle certaines chansons des PARADISE LOST, simples mais efficaces pour créer le climat typé. Le refrain coupe l’atmosphère en amplifiant l’ambiance; le break noir, tel un plaidoyer en plein hiver; la voix éructée essaie de saisir l’auditeur glacé par les notes monocordes, sans vie. « Charcoal Sky » pour le morceau métal avec la puissance de la voix gutturale; le break éthéré de LACRIMOSA jette l’effroi avec ce mélange divin de doom, d’ambiant et d’énergie volcanique; pensée à AMORPHIS pour ce déluge doomesque; surpris, endiablé ou hypnotisé de ce son commercial. « Shining » entame flute et synthé, pad mitrailleur annonçant le slow glacial; cette ballade au tempo gelé alterne le gothique, le doom, la violence et la sagesse lancinante, provoquant un bon résumé des différents titres de l’album. L’air évolue, mitraille à nouveau, un solo surgit agrafant sa noirceur étincelante. Le break clavier sourd et vibrant, la voix suave interpellent; la réverbération avec un écho vocal oriental : le titre hommage, testament d’un amour parti trop vite.

SWALLOW THE SUN lorgne sur le gothique et la dark wave, retirant la lourdeur doom extrême pour donner plus de mélodie contemplative et d’espace atmosphérique. Un album progressiste sur la résilience nécessaire offrant quelques éclats de soleil, un opus qui dérangera sa frange de fans plus durs mais qui avec ce son arrondi, pop rock étincelante glacée, permet d’être chroniqué en territoire prog. La similitude d’avec KATATONIA est flagrante, la sensation d’une BOF genre ‘Silent Hill’ se fait jour aussi. Finie la puissance sombre des riffs typés, place à la délicatesse; un album de transition, de passage qui sonne moderne, commercial et plus facile d’écoute, pour se forger une atmosphère mélancolique salvatrice.

P.S. : En tournée au Canada en février 2025. Toronto 21/02/2025 & Montréal 22/02/2025.