Au Québec, les groupes rock progressif se font plutôt discret. En voici un qui est bien connu des friands du genre. « Tumbleweed Dealer » est le projet du montréalais SÉBASTIEN PINCHAUD qui après 8 ans d'absence sur disque, nous propose leur quatrième album en carrière titré ‘’Dark Green’’. Le groupe est composé de trois musiciens soit ANGELO FATA, batterie et percussions, JEAN-BAPTISTE JOUBAUD, synthétiseurs et programmation et SÉBASTIEN PINCHAUD, basse et guitares. De plus, cinq musiciens et un chanteur sont invités à partager ce voyage musical : Antoine Baril, Guillaume Audette, Jocelyn Couture, Loïc Roy-Turgeon, Zach Strouse et Ceschi Ramos, le chanteur.

‘’Dark Green’’ débute avec une petite pièce intitulée ‘’A distant figure in the fog’’, Une intro de basse à la sonorité lourde ou se marie celle d'une guitare suspendue dans le temps (SÉBASTIEN PINCHAUD) créant ainsi un univers presque macabre que l'écrivain Patrick Sénécal, en aurait des frissons Bang! ANGELO FATA et son 'bass drum' frappe un grand coup et déclenche un festin de tonnerre et d'éclair cuivrés qui se termine dans un grondement de basse qui rappelle, quelque peu ECHOES de Pink Floyd. Rapidement ‘’Sparks Adrift In The Louisiana Nightsky’’, se présente sous forme d'une présence solide de l'orgue d'Antoine BARIL. La suite se compose d'une belle complicité entre les omniprésent FATA et PINCHAUD aux 'beats' saccadés ou vient se glisser, entre eux, BARIL sur synthétiseur pour créer une remarquable rhythmique appréciée dans le monde du rock progressif. Cependant, cela fend le cœur de constater que les chœurs viennent 'gâcher la sauce'...’’A plant that thinks it's human’’ avec le duo PINCHAUD et FATA est aux premières loges, la 'base' grouillante de l'un caressant la savoureuse sonorité du 'bass drum' de l'autre. Ça sonne autant que ça cogne! On savoure la venue de JEAN-SÉBASTIEN JOUBAUD et son synthétiseur qui rappelle années 80. Le paysage sonore s'embrouille pour se terminer avec la basse toujours fortement présente et du 'synthé' dont la dernière note se perds dans les ténèbres du silence...et se réveille brutalement sur ‘’Becomming one with the Bayou’’ quatrième opus de l'album débutant une autre fois par FATA qui martèle ses tambours. Heureusement que quelques délicieuses notes de guitare, gracieuseté de PINCHAUD, viennent caresser nos tympans. Voilà qu'arrive la trompette de JOCELYN COUTURE, sorti d'un orchestre de Glenn Miller, on sursaute! FATA ET BARIL EXPLOSENT un moment puis le tout se termine par une belle "douceur" entre les deux. Suit ‘’Dragged Across the wetlands’’ avec encore une intro basse et batterie mais cette fois, une brise de synthé les accompagne. La pièce est plus rock, beau jeu de guitare de PINCHAUD, le rythme est enlevant que vient toutefois gâcher COUTURE, le trompettiste qui mets fin à ce court morceau…

‘’DARK GREEN’’ la pièce titre de l'album, offre une belle introduction du guitariste PINCHAUD, voilà un vrai rock progressif qui se poursuit avec ses rythmes à contretemps digne du groupe MANEIGE. Un petit coup de BARIL, ZACK TROUSSE, en plein délire, jouant sa vie sur son fidèle saxophone, c'est la meilleure pièce du disque! ‘’GHOSTS DRESSED IN WEEDS’’, la présence du rappeur américain CESCHI RAMOS est pour le moins étonnante pour ne pas écrire décevante. Ce n'est pas que c'est mauvais, au contraire, mais sur son album solo... La huitième pièce, ‘’Moss on the mind’’ nous rassure. De toute beauté tant elle est plaisante à écouter avec son début prometteur, un petit coup de baguette et la magie FATA toujours présente, accompagne sans fracas la légèreté du piano de BARIL dans la première partie de la pièce. Roulement de tambour et nous voilà dans le plus beau voyage de Tumblerweed Dealer avec des contretemps au bon moment et surtout, la guitare de PINCHAUD. Le trio basse-guitare-batterie se fait plaisir pendant quelques secondes sans crémage. Pour finir, rien de moins qu'un bon vieux mellotron, discret, qui se joint à tout ce beau monde pour s'éteindre au milieu de voix, presque angéliques que viennent soutenir la superbe combinaison d'instruments de percussion...

’’BODY OF THE BOG’’, la plus longue pièce du vinyle. Ici on assiste à une intro d'orgue et de batterie qui progressivement augmente en intensité jusqu'à rejoindre la basse qui vient se chamailler avec le ‘drum’ au petit 'beat' disco, la guitare, toujours bienvenue, de PINCHAUD, nous rassure. FATA s'amuse en mitraillant sa batterie à coup de cœur intense. Soudainement, nous voilà au Mexique à l'époque des TEPATITLAN, les trompettes trop présentes, pour se terminer sous les cordes d'une basse à la hauteur de PINCHAUD. Pour clore ‘’A soul made of Sludge’’, une belle petite pièce pop progressif de fin d'album jusqu'à l'entrée soudaine de Guillaume AUDETTE et son orgue d'église qui sonne étonnamment 'piano bar' parfumé de nuage de nicotine. Le tout se termine en douceur...on pardonne.

L'album ‘’DARK GREEN’’, malgré le brio du trio BARIL-FATA-PINCHAUD, la virtuosité de tous les musiciens et sa superbe pochette, digne de celles de KIM POOR, ne passera pas à l'histoire. Bien sûr, l’effort est là mais il est trop répétitif dans la construction des pièces, et ce malgré une vaine tentative d'originalité. Un semblant de rap sur un disque de rock progressif? Non. Des cuivres qui font dans le rétro? Je passe...Des chœurs qui viennent embrouiller la musique? Je regrette! Sans toutes ces déficiences et écourté, l'album aurait été excellent. Je suis certain que le prochain le sera. « Tumbleweet Deeler », le mérite!