"L'aphélie est le point de l'orbite d'un objet où il est le plus éloigné du soleil, et il a une valeur symbolique que je laisserai à votre propre interprétation." C’est ainsi que le chanteur et claviériste norvégien, EINAR SOLBERG, du groupe norvégien LEPROUS commente le titre de leur huitième et plus nouvel album. Il ajoute, "Nous n'avions pas l'intention de commencer un nouvel album, puis est venu la COVID. « Aphelion » est un album très différent. Il est intuitif et spontané. Nous avons expérimenté de nombreuses manières complètement différentes d'écrire de la musique et exploré de nouvelles façons de travailler. Il n'y a pas eu de place pour une réflexion excessive, un perfectionnisme exagéré ou des chansons soigneusement planifiées. Je crois que c'est l'une des forces de cet album, il est vivant, il se sent libre et il ne semble pas trop calculé. "

LEPROUS est classifié comme un groupe de métal progressif et même tech/extrême métal progressif. Pourtant, à l’instar d’OPETH, associé à cette mouvance du métal progressif, le groupe a changé son orientation qualifiée d’extrême. Tout comme OPETH, LEPROUS offre encore une musique progressive intense, voire très intense, mais plus accessible pour les gens moins attirés par les cavalcades de batterie, les riffs de guitare typique au genre et le chant "growl". Mais pour les amateurs de LEPROUS, ce n’est pas nécessairement une surprise puisque l’album précédent « Pitfalls » avait déjà montré une autre facette du groupe, avec même quelques accents pop.

Hormis NM. SOLBERG, on retrouve l’autre membre original de la formation en TOR ODDMUND SUHRKE à la guitare. La section rythmique est demeurée inchangée avec BAARD KOLSTAD à la batterie et SIMEN DANIEL BØRVEN à la basse. On remarque le retour du deuxième guitariste présent des débuts du groupe jusqu’à l’album « The Congregation », soit ØYSTEIN LANDSVERK. La palette sonore pour « Aphelion » est enrichie par plusieurs invités soit un quatuor à cordes et un ensemble de cuivre de la Norvège, BLÅSEMAFIAEN. Mais l’instrument que remarquera le plus l’auditeur est la voix extraordinaire et le fausset d’EINAR SOLBERG.

Ce n'est pas un secret que sa voix est l'une des plus accomplies et une des meilleures du métal progressif et, pourquoi pas, du prog en général. Il n’a pas à crier ou utiliser le "growl" pour mettre en valeur son rôle prépondérant dans le groupe et sur cet album. Ses inflexions sur les parties les plus calmes des morceaux attirent l'auditeur dans des lieux musicaux intimes puis lorsque la musique explose, sa voix est incroyablement puissante et présente. C’est le cas de plusieurs morceaux tel « Running Low » ou « Out of Here », par exemple. Ajoutons que s’il possède un registre intéressant et varié, lorsqu’-il pousse les notes aiguës il devient impérieux. Peut-être cet aspect pourrait intimider certains auditeurs mais alors ceux-ci se priveraient de plaisirs certains. Un autre musicien qui se démarque est le batteur BAARD KOLSTAD qui semble avoir le chic pour trouver le bon espace rythmique que ce soit dans ces parties plus douces ou lorsque l’intensité monte et le rythme se fait plus présent. Il élève l'ensemble du disque à un niveau supérieur, toujours avec des motifs complexes et beaux, parfois très subtils, parfois aussi fous que possible.

LEPROUS offre des pièces progressives où aucun instrument ne semble se démarquer des autres et où l’ensemble l’emporte sur les performances individuelles. Seul un court solo de guitare sur « The shadow Side » semble se détacher. Les amateurs du LEPROUS d’avant « Pitfalls » dégusteront surtout « Nghtime Disguise », le plus métallique des morceaux de l’album. Ceux qui ont aimé les changements apportés par l’album précédent trouveront celui-ci à leur goût. Quant aux amateurs moins portés sur le prog métal, osez le changement et savourez les arrangements symphoniques, les riffs de guitare puissants, les grooves de qualité et la voix mélancolique et émotionnelle unique. Tout comme moi, vous trouverez avec « Aphelion » un album de qualité pour élargir votre palette musicale.