CHRONIQUE / REVIEW
Marbin
Fernweh
Releases information
Release date:
July 2, 2021
Format:
Digital, CD, Vinyl
Label:
From:
Independent
USA
Mario Champagne - June 2021
9,3
TRANSLATED REVIEW (GOOGLE TRANSLATE) BELOW FRENCH TEXT !
Quel plaisir de retrouver MARBIN pour leur douzième album, cette formation de Chicago dont le nom provient de la contraction des noms de ses fondateurs, MARKOVITCH et RABIN. Le plaisir pour moi est vraiment réel tellement leur amour du Jazz est contagieux. Un groupe à l’instrumentation minimaliste, et qui généralement dégaine un Jazz prog rock super puissant et fougueux, mais qui ici, exceptionnellement, opte pour une plongée joyeuse dans la grande tradition des standards du Jazz, en particulier dans le Jazz et le swing manouche acoustique du début du siècle dernier. D’accord, cela n’est absolument pas du rock progressif mais, il accrochera le cœur des fans de Django REUNHARDT, de Louis ARMSTRONG, d’Hoagy CARMICHAEL, de Sidney BECHET, et plus près de nous au Québec, aux fans de Susie ARIOLI et de l’excellent guitariste Jordan OFFICER qui se plaisent également dans ce style qui suinte de la nostalgie d’une grande époque, quand les clubs étaient sombres, enfumés et grouillants de vie nocturne.
Les musiciens de MARBIN reprennent avec brio des titres écrits il y a bien longtemps, provenant de plusieurs époques et continents différents afin de susciter chez les auditeurs une nostalgie, un sentiment de mal du pays pour des lieux qu’ils n’ont jamais visités. Il y a un mot pour cela en allemand pour ce sentiment étrange, « Fernweh », le titre de l’album et de fait, la mission de ces musiciens exceptionnels. Ceux-ci d’ailleurs, annonce la couleur, et ne se cantonne pas dans une reproduction mimétique des œuvres des grands maîtres. Appuyé par le double bassiste Jon NADEL, ils y mettent leur patte, leurs rythmes, en tentant de repousser les limites dans la façon d’interpréter ces titres iconiques qui nous transportent par un portail digital dans le vieux Paris et à New Orleans.
Résultat, cela s’écoute tout seul en mode « boucles ». Dès les premières notes de « All Of Me », j’étais sous le charme de cette musique qui ne peut laisser indifférent, un titre qui fût déjà interprété par Louis ARMSTRONG (1932), Benny GOODMAN (1937), et Billie HOLIDAY (1941). On pourrait se sentir transporter avec son swing dans la trame sonore d’un vieux film de Woody ALLEN. Vient « Stardust » d’Hoagy CARMICHAEL, un classique de 1927, où la guitare acoustique domine, mais offre une synergie incroyable avec le sax tellement expressif de MARKOVITCH. Du même CARMICHAEL, « Georgia On My Mind » où l’on retrouve le sens léger et aérien, d’une musique du Sud-américain, une musique de salle de bals, de soirée en plein air pour chaude nuit d’été, avec un saxophone qui s’exprime comme un oiseau, et la guitare qui s’agite continuellement sur des tonalités aigues.
Dans un autre style, les « Yeux Noirs » (« Dark Eyes)) est une célèbre romance traditionnelle populaire tzigane russe du XIX siècle, et un standard du jazz manouche qui fut popularisé par Django REINHARDT. Cela passe à une vitesse folle, tellement il y a de notes déballées avec âme et passion. « Nuages », un autre titre de REINHARDT, composé en 1940, langoureux, tendre et romantique, au tempo très lent, où chaque note de guitare se déguste sans se répéter, où chaque pincement de corde vibre d’authenticité. Fabuleuse interprétation !
« Minor Swing », est une autre célèbre composition de REINHARDT mais aussi de son comparse Stéphane GRAPPELLI, qui fonda avec REINHARDT le « Quintette du Hot Club de France », intitulée ainsi car elle fut composée en « la » mineur, et qui sans faire de haute voltige se montre très entrainante, laissant toute la place à la virtuosité de MARKOVITCH dont le saxophone exulte de sonorités stridentes. De 1929, « Honeysuckle Rose » de Fats WALLER est un autre standard du Jazz de Broadway qui fut interprété et réenregistré par tous les grands. Autre pièce bientôt centenaire, « I'll See You in My Dreams » de 1924, enregistrée initialement par Isham JONES et le « Ray MILLER Orchestra », au « swing » joyeux déroulé à une cadence vertigineuse. Ma pièce favorite de cet album, « Confessin’ », de 1929, rendue populaire par ARMSTRONG, qui mets en note une tendre déclaration d’amour, un titre qui résume assez bien toute la beauté de cet assemblage de bijoux exécutés par ces orfèvres. Et cela se termine de façon très festive avec « Swing Gitane », fort probablement de REINHARDT vu le style déployé des doigts sautillants sur les cordes.
Pour finir, cette plongée joyeuse et festive de MARBIN dans les années folles, fut des plus instructives, car elle permet de comprendre qu’à l’époque, il y avait déjà des musiciens capables de jouer aussi vite que ceux de DREAM THEATER et d’IRON MAIDEN, mais avec les instruments du moment. Bien qu’il s’agisse ici d’un album hommage aux « maîtres », il faut souligner la performance exceptionnelle des musiciens de MARBIN, dont la complicité, le « timing », et l’aisance naturelle à interpréter énergiquement ces standards du jazz, font qu’on fait face à un moment magique. Ils ne sont que trois musiciens, pourtant, j’ai eu l’impression qu’ils étaient une armada pour produire ces avalanches de notes. Pour moi, ce fut une révélation, car je dois dire que je n’avais jamais vraiment porté attention à ce style musical avant. MARBIN a fait mouche avec cet album, tout comme sur leur précédent, « Russian Dolls » qui m’avait fortement impressionné par la qualité de leurs compositions et leurs performances sans faute. Allez-y franchement, vous ne serez pas déçu ! Je vous mets au défi de ne pas taper du pied ! Bonne écoute !
- 1. All of Me (4:10)
2. Stardust (6:17)
3. Dark Eyes (2:51)
4. Georgia on My Mind (4:07)
5. Minor Swing (3:44)
6. Nuages (5:53)
7. Honeysuckle Rose (3:42)
8. I'll See You in My Dreams (3:45)
9. Confessin' (4:40)
10. Swing Gitane (3:02)
PISTES / TRACKS
musiciens / musicians
Dani RABIN - Guitar
Danny MARKOVITCH - Saxophone
Jon NADEL - Bass