CHRONIQUE / REVIEW
Soup
Visions
Releases information
Release date:
November 19, 2021
Format:
CD, Vinyl, Digital
Label:
From:
Glassville Records
Norvège / Norway
Serge Marcoux - January 2021
9,1
TRANSLATED REVIEW (GOOGLE TRANSLATE) BELOW FRENCH TEXT !
L’abondance musicale norvégienne est merveilleusement confondante ! Au risque de me répéter, je précise que, historiquement, la Norvège, un pays d’un peu plus de cinq millions d’habitants, a produit plus du double de groupes progressifs que le Québec qui compte huit millions de personnes. Cette proportion est encore plus importante si on considère la seule année 2021. En effet, CALIGONAUT, JORDSJØ, KERRS PINK, LEPROUS, MEER, MOTORPSYCHO, SHAMBLEMATHS, SUBURBAN SAVAGES, TUSMORKEL ont tous offerts aux amateurs de musique une raison de leur faire une place dans leur palmarès de fin d’année. Est-ce le soleil de minuit ? Est-ce la boisson nationale, l’Aquavit ? Est-ce le sixième rang des pays les plus heureux ? Allez savoir ! Mais ce n’est pas tout, voici qu’arrive « Visions », la suite tant attendue du merveilleux « Remedies » de SOUP paru en 2017. Je ne crains pas de brûler ma finale en disant que le groupe poursuit sur son excellente lancée.
La section rythmique composée de JAN TORE MEGÅRD, basse, et ESPEN BERGE, batterie, est restée la même. Le chant et les claviers proviennent encore de ERLEND AASTAD VIKEN. Le changement effectué a été fait au niveau de la guitare, ce sont maintenant ØRJAN J LANGNES et ØYSTEIN MEGÅRD, frère de JAN, qui en sont les nouveaux responsables et ils s’acquittent parfaitement bien de leur tâche. Trois musiciens regroupés sous le nom de GIANT SKY ORCHESTRA, référence évidente au projet d’ERLEND VIKEN, étoffent le son du groupe. Ainsi violons, flutes et trompette nourrissent les tapisseries musicales si évocatrices d’espaces musicaux qui offrent sérénité, intensité, surprises et émotions. A l’instar de l’album précédent, « Visions » propose cinq pièces qui s’offrent à nous pleines d’atmosphère, de progressions irrésistibles et, par moment, qui sont presque troublantes par leur intensité. Le meilleur exemple selon moi est « Crystalline » qui commence presqu’en catimini. Une balade d’abord minimaliste et fine comme … un cristal. Peu à peu les instruments s’ajoutent délicatement, la voix assure une présence plus importante. La section rythmique signale le changement de ton et … non pas tout à fait. Un court retour à la douceur et une montée à la SOUP s’amorce avec force de claviers, mellotron ou son équivalent en tête, soutenue par la basse bien ronde de MEGÅRD ainsi que la batterie. La trompette ajoute une couche de beauté et d’émotions et le son enfle, enfle, devient saturé et je suis alors suspendu à l’éventuelle conclusion comme un corps qui demande un apaisement alors qu’il est sous tension et ce, jusqu’à la fin abrupte. Ouf !
Retour en arrière, le premier morceau débute aussi en douceur avec quelques accents floydiens pourrions-nous dire. Encore une fois l’apparition de la rythmique change le ton et avec la voix travaillée, elle nous transporte dans un univers post-rock ou post-progressif. Suit un passage très atmosphérique et cette voix un peu surréaliste revient à la charge. Ce passage mystérieux s’efface au profit d’une guitare à la GILMOUR époque « Meddle ». Les dernières minutes de cette suite sont du pur SOUP avec une de ces montées qu’ils maitrisent merveilleusement et qu’ils utilisent à si bon escient avec tous les musiciens qui poussent l’enveloppe musicale du groupe. Une pièce qui suit son propre rythme, une goutte qui se joint au ruisseau puis à la rivière et qui devient cascade.
« Skins Pt 1 » est une courte pièce, aussi en douceur, qui introduit une pièce formidable, peut-être ma favorite, soit « Kingdom of Color ». Est-ce que ce sont des fjords majestueux qu’on aperçoit dans ses envolées solennelles de mellotron ? Une chose est certaine, c’est la magie norvégienne à son meilleur qui évoque des images de beauté et de grandeur en moi. Ce morceau inséparable des meilleurs de l’année offre deux puissantes poussées mélodiques irrésistibles qui m’ont émues jusqu’à la moelle des os. Re-ouf ! Les notes de piano judicieusement choisies pour terminer la pièce nous transportent à « Skins Pt 2-3 ». Voici un morceau aux multiples facettes et c’est le moins qu’on puisse dire. Les trois premières minutes semblent suivre parfaitement « Skins Pt 1 » pour ensuite passer à un autre stade avec la guitare et la rythmique qui donnent un ton un peu dramatique et très réussi au morceau ainsi qu’avec une autre poussée des claviers pour un effet d’amplitude savoureux. J’aime beaucoup cette approche du groupe qui m’avait également séduite sur « Remedies ». Le tout se termine peu après sept minutes pour la version digitale. Mais si comme moi et de nombreux amateurs, vous favorisez encore les supports physiques, alors après un silence de dix minutes, vous avez droit à la conclusion de « Skins Pt 2-3 ».
Il reste quinze minutes de musique à savourer lorsque le piano brise le silence. Au moment où les orchestrations de violon s’ajoutent, l’ambiance devient simplement magnifique, émouvante. Une guitare saturée ou est-ce de l’orgue se mêle de la partie et le décor change. Une interruption soudaine et on passe à une section chantée plus douce, un peu MOODY BLUES même. Mais la guitare tranche cette douceur qui malgré tout revient, tenace. Tel un menuet les instruments échangent de courtes notes et la puissance de la guitare et du mellotron interviennent pour remplir l’espace sonore et provoquer une cassure comme le groupe le fait souvent entre les moments calmes et les montées en puissance. Un arrêt de quelques secondes permet de changer, une fois encore, le propos musical qui reprend alors divers éléments évoqués précédemment et offert dans une autre approche, plus musclée, pour quelques minutes. La fin est symphonique à souhait et appuyée par un rare long solo de guitare. Ce n’est rien de moins qu’un autre grand moment de cet album. Quand VIKEN ajoute sa voix pour la dernière minute, on retient son souffle, on vit la puissance et la majesté d’une conclusion digne d’un autre grand album de SOUP.
Alors, oubliez les genres, progressif, post-rock, post-progressive où je-ne-sais-quoi. Oubliez les comparaisons avec « Remedies » ou « The Beauty of Our Youth » ou même avec d’autres groupes. Savourez simplement et pleinement une œuvre pleine de grandeur, de beauté, de moments cinématographiques créés par les images que cette musique évoque et portée par un groupe en pleine maitrise de son art. Mettez-vous-en plein les yeux et les oreilles car nul ne sait ce que l’avenir nous réserve, y compris le groupe lui-même (voir l’entrevue).
Tussen takk ESPEN, ØRJAN, JAN TORE, ØYSTEIN og ERLEND.
PISTES / TRACKS
- 1. Burning Bridges (15:02)
2. Crystalline (7:02)
3. Skins Pt. 1 (1:19)
4. Kingdom of Color (9:11)
5. Skins Pts. 2-3 (7:23)
Espen Berge – Drums
Ørjan J Langnes - Guitars
Jan Tore Megård - Bass
Øystein Megård - Guitars
Erlend Aastad Viken - Vocals, keys, guitars
With
Giant Sky Orchestra conducted by Liv Brox
Liv Brox: Violins
Ivan Ushakov: Flutes
Emil Emilson Holmesland: Trumpet
musiciens / musicians