CHRONIQUE / REVIEW
Versa
A Voyage / A Destination
Releases information
Release date:
September 2, 2022
Format:
Digital
Label:
From:
Self-Released
Canada
Mario Champagne - December 2022
9,4
TRANSLATED REVIEW (GOOGLE TRANSLATE) BELOW FRENCH TEXT !
La formation VERSA fut fondée en 2007 par un groupe d'amis qui ont étudié ensemble à l'École de Musique de l'Université de Victoria, en Colombie Britannique. Ce groupe, peu connu, a déjà quelques enregistrements à son actif, dont son premier album éponyme livré en 2008, un deuxième LP, « the Decline & Fall Of... » en 2010, et un EP, « Common Things », sorti en 2012. Les membres du groupe ont pris une longue pause depuis 2014, afin de lancer leurs carrières de vie d’adultes, car si certains ont poursuivi en étude musicale, d’autres se sont lancés en droit, en médecine, dans les affaires, quand ce n’est pas dans la procréation.
Le goût de la musique et des amis revint récemment, quand la troupe VERSA se reforma en 2020, et depuis, avec quelques changements organiques mineurs au cours des années, le noyau fort des membres originaux est encore de la partie, mais ils se sont assurés les services d'une quantité incroyable de collaborateurs de la côte ouest canadienne et des invités de grande renommée, dont Nick D'VIRGILIO de BIG BIG TRAIN, Jim GREY de CALIGULA HORSES, Marjana SEMKINA de I AM THE MORNING, Eric GILETTE du Neal MORSE Band, et Lars Frederik FROISLIE de WOBBLER. Cet appui massif de la part des grands noms de la musique progressive actuelle constitue, avouons-le, un sceau de crédibilité qui marque du sérieux de ce projet peu commun. Il faut savoir que VERSA est une formation originalement instrumentale, et que les voix des artistes invités élèvent leur démarche artistique à une autre dimension.
Cet album qui fut enregistré en 2021 et complété en 2022, est disponible en format digital seulement, pour l’instant, et VERSA nous annonce qu'il y a une suite intitulée « A Voyage / A Destination Part II » qui devrait également paraître incessamment en format digital. Ils gardent l’espoir, si le succès leurs sourit, de pouvoir sortir un album double de ces deux parties en format physique en 2023! Mais qu’en est-il exactement? Voyons cela ensemble!
D’obédiences « post rock » et rock progressif, ils introduisent une belle panoplie d'instruments acoustiques dans leurs créations, dont du violon, de la flûte, de la trompette (celle de Ryan COLE de l'Orchestre Symphonique de Victoria), et du trombone, magnifiquement orchestrés d'un bout à l'autre des morceaux. Aussi à l’œuvre, des chanteurs et des chœurs qui donnent une performance vocale impeccable dans des suites de chansons en plusieurs parties et laissant place à d’authentiques performances de virtuoses.
Avec les deux titres chantés, on nous propose deux histoires poétiques et oniriques, pour lesquelles il est primordial de lire les textes pour bien saisir leurs contextes. Ce serait une grave erreur de ne pas le faire. L'une raconte l'histoire d'un jeune homme qui fut happé par une jolie créature qui l’amène visiter le fond d'un lac, son monde merveilleux où s’ébattent les nymphes, mais il retourne sur terre, en souhaitant malgré tout y retourner un jour pour revivre cette expérience inoubliable. « Pool of the Naids », c’est l’étang des nymphes, où Eric GILLETTE endosse l’identité de ce jeune homme naïf. L’ambiance est très douce et feutrée, piano classique et cordes au début, et ensuite des élans plus vigoureux d’orgues, de percussions et de guitares, nous projettent dans les rivages sonores psychédéliques de WOBBLER, mais cela ne dure pas assez longtemps. Un excellent moment, mais la beauté du tout réside dans les contrastes car tout redevient tranquille avec le charme du violon triste et de la flûte. Au passage, on se rappellera que WOBBLER parlait de naïades dans son dernier album, d’où probablement la prestation de FROISLIE qui a l’écho d’un clin d’œil. Plus loin dans le morceau, des petits chœurs en canon à la GENTLE GIANT ajoutent une connotation Prog qui ravit. Les percussions tubulaires donnent aussi un cachet particulier à l’ensemble, et que dire de la superbe voix de nymphette de Stephanie BOUTET qui relève d’un « casting » parfait et judicieux. Et celle de GILLETTE se marie bien avec celle-ci. Les ambiances d’orgues d’église, les claviers atmosphériques, et les violons lancinant contribuent au voyage sous les eaux. Une très bonne composition multi-tiroirs dans le style classique « genesienne », mais avec des instruments différents, ce qui devrait plaire aux amateurs de BIG BIG TRAIN et de KAPREKAR’S CONSTANT, avec un bel ensemble de voix féminines qui nous termine cette ode épique dans un gospel pieux de toute beauté.
L'autre morceau chanté traite d'une épique traversée océanique, telle qu’illustrée sur la pochette, d’une durée de 27 minutes, divisé en cinq chapitres, où les protagonistes, ambitieux et conquérants, finissent par installer une colonie sur une terre ingrate, et cela se termine en queue de poisson pour l'équipage, pour son plus grand désespoir, et ce dans une grande fatigue morale et physique. Comme un leitmotiv, le terme « weary » sera psalmodié, cri du cœur de gens cassés, épuisés par les éléments et ce destin tragique. Du point vu de la composition, c’est toujours la classe, avec une teinte classique, mais d’une grande modernité, avec des percussions polyrythmiques répétitives, à la cadence hypnotique, sur un fond folk celtique qui m’a fait penser à de la musique de Loreena McKENNITT. Les voix nues et vulnérables de GREY et SEMKINA, sont aux premiers plans dans un duo savoureux et bien équilibré qui chante l’espoir de belles découvertes. Quelle voix sublime nous offre cette Marjana! Quand la tempête se pointe, la tension dramatique s’installe, avec une légère violence, pendant que l’énergie se concentre graduellement sur les fûts de D'VIRGILIO, et que les chœurs diaboliques contribuent à l’anxiété ambiante, sans oublier les cuivres en crescendo, qui grondent et s’approchent à grand pas pour assaillir l’esquif. Pour la finale, un duo percussion et violon, pas banal, mène le rythme, avant la fin de la tempête, alors que le calme revient dans une onde assourdissante. La suite, toute mélancolique et triste sonne par moment comme de la musique de Yann TIERSEN (vous savez? Amélie POULAIN!) Un beau mélange d’électrique, de piano, de cordes, et de cuivres, qui donne, à mon goût, l’un des moments les plus intéressant de l’album. On entre ensuite, dans une section typiquement « post prog » atmosphérique, parfois joyeuse, lumineuse, mélancolique et grave, en ne grattant qu’une seule et simple corde. Le chant lent de GREY s’étiole comme une complainte désespérée, les cordes résonnent comme une horloge. Une envolée atmosphérique lointaine des cordes de guitares, comme si cela avait été enregistré dans une immense cathédrale, et le violon qui marque la gravité de la situation, un contraste saisissant, pur et ensorcelant, qui marque le tragique des évènements. Une musique qui ennoblit le texte. Un texte qui n’aurait pas pu mieux être servi. Le duo entonne ensemble la litanie exprimant leur épuisement total, comme si leur mort annonçait une libération en chœurs angéliques, tout en s’éteignant en douceur avec un son de synthé qui projette la vague terrible qui s'écrase sur cette côte damnée. Après de multiples écoutes, ce passage de vient de plus en plus émouvant.
Il ne faut pas négliger non plus les deux courts morceaux instrumentaux, qui initialement, m’avait plus accroché que les longues épiques, qui ont fini par me chambouler. La paisible « Sea of Vapours » avec ses cordes en ostinato, et sa flûte mélancolique proéminente a tout pour ravir. Très aérienne, dans un post prog atmosphérique mélancolique, où l’on savoure l’alchimie évidente des musiciens qui partage cette passion de la perfection. « Lantern Season », c’est une musique typiquement « post Prog », aux cordes cristallines, épurée, lente, où tous les détails des notes s'entendent, nous bercent. Elle peut prendre aussi des élans entrainants et joyeux où le positivisme fait boule de neige, comme sait si bien le faire une autre formation similaire qui y excelle, soit celle des Écossais d’HUMAN PYRAMIDS.
Pour conclure, c’est un album généralement très doux, comme les couleurs pastelles de sa pochette, qui pourrait déplaire à ceux qui aiment cela quand ça brasse et s’agite en permanence, mais si comme moi, vous vous donnez la peine de l’écouter à plusieurs reprises, vous découvrirez une expérience sensorielle qui devrait finir par vous atteindre en plein cœur. Une création artistique aux quatre pistes de haut niveau, très cérébrale mais avec la chaleur latente d’une source géo thermale qu’il faudra canaliser en lisant avec soin les textes épurés d’Hollas LONGTON, Docteur en composition musicale, qui transmet une charge émotionnelle constante tout en économisant ses mots! Quant aux voix, le travail phénoménal, le niveau de dramaturgie, de théâtralité et le soin apporté dans ces prestations en font une œuvre onirique et rêveuse qui marque l’esprit. Personnellement, j’ai extrêmement hâte d’entendre la suite, et je voudrais bien précommander l’album double immédiatement. Bonne écoute !
PISTES / TRACKS
- 1. Pool of the Naiads (15:30)
i. Down the Garden Path
ii. The Girl in the Pool
iii. What Have I Become?
iv. Back to the Sun
2. Sea of Vapours (5:37)
3. Lantern Season (5:29)
4. Voyage (26:59)
i. Set Sail
ii. Into the Storm
iii. Strange Landfall
iv. A Prayer to the Sea
v. Ocean from the Sky
Matthew DOLMAGE - Flute, Electric Guitar, Lead & Backing Vocals, Additional Piano & Bass Guitar
Benjamin RANCOURT - Electric & Acoustic Guitars
Anthony THEOCHARIS – Bass Guitar
Janelle WRONA – Keyboards
Jesse BELL – Drums
Hollas LONGTON – Lyrics, Violin & Backing Vocals
Stéphanie BOUTET – Lead and Backing Vocals
Ryan COLE – Trumpet
Laine LONGTON – Cello
Nelson SALAHUB – Trombone
Claire COUPLAND – Backing Vocals
Kayleigh HARRISON – Backing Vocals
Julia KEIFER – Backing Vocals
Quentin MITCHELL – Backing Vocals
Joelle PREVOST – Backing Vocals
Lindsay SHANN – Backing Vocals
Nick D’VIRGILIO – Drums (4) & Chromatic Percussion (1,4)
Jim GREY- Lead Vocals (4) & Backing Vocals (1)
Marjana SEMKINA - Vocals (4)
Eric GILLETTE - Lead Guitar & Lead Vocals (1)
Lars Frederik FROISLIE - Hammond Organ (1)
Jeremy TARDIF – Piano (1)
musiciens / musicians