Avec “Relentless” EMPYRE présente son troisième effort discographique, fort d’un succès mérité sur ses terres (Royaume Uni), à la suite des deux premiers albums : « Self Aware » (2019) et « The Other Side » (2021) en autoproduction. Leurs prestations scéniques puissantes et dynamiques n’y sont pas pour rien. Leur réputation grandissante et la qualité du matériel proposé les ont propulsés chez K-Scope, LE label qui se trompe rarement. C’est ainsi que « Relentless », titre qui illustre parfaitement le contenu du disque (impitoyable, implacable, opiniâtre), est offert à notre convoitise depuis le 31 mars. Cette presque consécration est due à la maturité étonnante de cette formation encore jeune qui se montre habile et ne souffre pas de l’urgence des débutants.

Voici maintenant la chronique qui en ferait hésiter plus d’un et qui interpellera les passionnés de Rock Progressif hardcore, pour ne pas dire intégristes. Moi-même je suis passé par diverses écoutes avant de me charger de cette « mission ». Premier incitant : la signature du groupe chez Kscope (BLACKFIELD, KLONE, STEVEN WILSON, PORCUPINE TREE, ORK, ANATHEMA, CRIPPLED BLACK PHOENIX, Ed WYNE, GAZPACHO, IAMTHEMORNING, LUNATIC SOUL, THE PINEAPPLE THIEF etc.) un label qui gère une écurie de pur-sang, qui choisit soigneusement ses artistes et – partant – me mis en confiance. Second kick-ass : la qualité intrinsèque de TOUTES les compositions, le soin apporté à l’orchestration, les variations de climats bien amenés en fonction des textes, l’exécution sans faille avec un équilibre parfait entre puissance (la baffe !), groove, et une certaine sophistication pour un genre qui en contient souvent peu. Nous sommes dans le registre d’un Rock Alternatif actuel, moderne, qui ne doit que peu au Grunge tout en conservant un punch qui sait, au besoin, se retenir pour laisser percoler une bonne dose de mélancolie avec une sensibilité incarnée par le chant d’Henrik STEENHOLDT, doté d’une voix expressive, rauque (un avantage dans ce type de musique), souple, expressive, capable d’insuffler diverses émotions grâce à la finesse d’écriture et d’interprétation. Il serait regrettable de ne pas souligner la cohésion d’EMPYRE qui fait bloc, joue avec une conviction réjouissante et fait preuve de nuances avec une classe folle.

Les 10 plages s’écoulent dans nos oreilles avec une facilité, une aisance étonnante tant chacune est distincte, reconnaissable immédiatement, éloquente et d’une séduction vénéneuse. C’est que chaque morceau est un hit en puissance et que joué sur scène – leur milieu naturel – il devrait (em)porter la foule vers une forme de communion païenne. Ce sont les qualités des premiers albums mais, surtout, celles de leurs prestations scéniques qui ont porté la formation au niveau actuel.

Ce dernier point pourrait éloigner davantage « Relentness » du monde Progressif. L’écoute attentive de « Quiet Commotion », pièce ambitieuse et changeante ou « Silent Screaming », terriblement groovy avec la basse de Grant HOCKLEY bien placée dans le mix et à la structure changeante démontre que la frontière entre les genres, ou styles, c’est selon, est de moins en moins marquée. L’avènement de collectifs comme LEPROUS, TESSERACT etc… adoubés avec panache au sein du Prog actuel démontre que les luttes de chapelles n’ont plus lieu d’être. C’est par la construction de leurs pièces ciselées, l’art des transitions, les climats bien campés et changeants, interprétées dextrement et avec conviction que EMPYRE s’impose. Leur éclectisme évite toute forme de redondance ou de lassitude. Le quatuor réussit un tiercé gagnant après « Self Aware » (autoproduction 2019) et « The Other Side » (autoproduction 2021).